Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La colline aux carlines
12 mars 2010

Symphonie silencieuse

DSCF4500

Un premier roman à l'écriture nerveuse et percutante. Une femme et un homme se rencontrent dans une maternité puis se retrouvent autour d'un piano.

Fanny s'enfonce peu à peu dans le monde du silence, victime d'une oto-spongiose. Alors pour tenter de prendre de cours ce naufrage annoncé, elle confie ses mains à Louis et lui ouvre son âme au fil des séances. Il l'écoute, la guidant avec fermeté mais toujours avec une profonde empathie. Les épaules se dénouent, les têtes se rapprochent, les sourires complices affleurent et c'est le prélude d'un couple qui semble naître. Si vous voulez connaitre la suite, c'est à vous de jouer...

Au hasard des rayonnages de ma médiathèque, ce beau roman est venu à moi. Je l'ai accueilli non sans un certain trouble, me sentant très proche de l'héroïne. A l'inverse de Fanny, c'est le silence qui m'est interdit à présent. J'ai dû apprivoiser les grésillements qui se sont nichés dans mes tympans. Et moi aussi, j'ai eu recours au monde de la musique pour masquer mes tempêtes. Alors, compagne d'infortune, j'ai laissé l'émotion me submerger et l'histoire de cette femme courageuse n'a pas fini de me hanter...

Morceaux choisis

"Elle ne prend pas le temps de lui expliquer, pas aujourd'hui, on ne se connait, pour ainsi dire, pas. Prise par le vin, elle lui aurait dit, avec des images simples, de celles qui émeuvent, avec tous ces détails minuscules qui font le tragique, rendent accessibles les assassins. Elle lui aurait dit, pour son malheur, elle lui aurait dit, pour l'injustice. Si elle devait être alcoolique, elle le serait au vin rouge, on sait le poison qui nous irait, si jamais. Dans la chaleur du moulis elle aurait pu."

"Il lui met dans la main un verre de nectar multi-vitaminé bon marché. Il a du mal à comprendre. Elle veut apprendre à jouer du piano ? Il a même souri à l'intérieur, cynique : "Avec ou sans sourdine ?" Mais c'est qu'elle a l'air sérieuse, la garce. Elle veut apprendre à jouer. Elle l'a regardé droit dans les yeux :

- Avant qu'il soit trop tard.

Une petite phrase sordide et sans appel.

Une volonté panique. Avant que le monde devienne confidentiel."

"Cet homme-là a un secret. Elle le sait, le sent, le tait. Il n'y a pas que son allure de britannique, il y a sa tristesse, certains jours.

Comme un chagrin en intérim, un silence qui pleure, quelques chose de veuf."

"Elle prendra les aigus, il prendra les graves. Il jouera pour elle, elle jouera pour lui.(.......)Elle tend la main et enfonce quelques touches au hasard dans les graves, une volée de fausses notes punitives sur son terrain. Il se penche vers les aigus, tend son bras, plaque trois fausses notes pour lui faire comprendre qui est le chef, il sent un sein contre son épaule, qu'elle ne retire pas, qui lui donne le trac. Mais elle se venge déjà, franchie les lignes adverses, plante un accord dissonant dans les graves, pour l'exemple, ressent une inquiétude déliceuse, qu'elle cache sous les éclats de son rire perlé de jolie môme.Ils se chamaillent à coups de fausses notes et de faux accords, riant comme des gamins. Il tâche bien de rencontrer ses doigts sur les touches. Elle laisse rûrement sa cuisse contra la sienne, une ou peut-être deux secondes de plus qu'il ne faudrait."

DSCF1820

Publicité
Publicité
Commentaires
La colline aux carlines
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité