Impressions selon Monet
Lors de mon séjour à Paris, j'ai eu le bonheur de visiter l'exposition de Claude Monet.
Aujourd'hui, j'avais envie de vous faire partager mes moments d'émotion.
Je dédie ce billet à ta fille, Christelle.
Voici le grand homme dans un auto portrait de 1886. Il a 46 ans.
On est bien loin d'imaginer le dandy qu'il a été pendant sa jeunesse. Etant né grand seigneur, selon les propres paroles de Renoir, il porte chemise à poignées de dentelles et costumes du meilleur tailleur de Paris, alors qu'il est sans le sou.
Ce tableau n'était pas exposé.
En 1870, Monet épouse son modèle Camille Doncieux, qui
lui donne son fils Jean (1867-1914); puis en 1878 leur deuxième fils,
Michel. Camille pose pour de nombreuses toiles de Monet comme dans ce "Femmes au jardin " de 1866.
Le jeune Monet a pour ambition d'
intégrer des personnages dans un paysage, avec l'impression que l'air et
la lumière circulent.
. Emile Zola écrit "Le soleil tombait droit sur les jupes d'une blancheur éclatante ; l'ombre tiède d'un arbre découpait sur les allées, sur les robes ensoleillées, une grande nappe grise. Rien de plus étrange comme effet. Il faut aimer singulièrement son temps pour oser un pareil tour de force, des étoffes coupées en deux par l'ombre et le soleil".
Le déjeuner 1868 peint dans le jardin de Monet à Argenteuil. A gauche, on aperçoit son fils Jean.
Le boulevard des Capucines 1873-1874.
Ce tableau est son tout premier paysage urbain. Le ciel est pratiquement occulté. Une merveilleuse brume nacrée enveloppe les silhouettes des passants. On sent le mouvement de la vie parisienne.
En 1874, année de la première exposition du groupe impressionniste, il fait une étude sur le pont d'Argenteuil dont il tirera sept toiles.
.
C'est dire si l'artiste est attaché à ce motif, faisant jouer en contrepoint la fluidité du cours d'eau avec la masse géométrique du pont et de ses piles sur lesquelles jouent de multiples reflets.
Le pont de chemin de fer fera l'objet de quatre représentations. Ma préférence va à cette toile pleine de vie, grâce à la locomotive toute fumante qui passe sur le pont. J'adore les merveilleux tons nacrés.
La promenade ou la femme à l'ombrelle 1875.
Monet peint son épouse et son fils Jean. Ce tableau aux tonalités pastel vaporeuses enchante l'oeil.
On ressent la légèreté de la brise qui agite doucement les volants de la robe.
Etang à Montgeron 1876-1877
Un coin d'étang, une trouée zigzaguante de lumière à travers la pénombre : Monet n'a que 36 ans quand il peint ce tableau.
La femme debout a l'air de pêcher. il faut un examen attentif de la toile pour apercevoir le personnage. Le regard est happé par la coulée de lumière, la nappe liquide.
C Monet ne semble ici préoccupé que de restituer les impressions
produites par la surface miroitante de cet étang, captant les
fluctuations de la lumière qui filtre à travers le feuillage des arbres
et créant un monde intime et personnel.
La débâcle, temps gris 1880.
Vue de la Seine vers l'amont, depuis la berge de Vétheuil, avec dans le fond Lavacourt à demi-masqué par les arbres de l'île de Bouche ou Musard (D Wildenstein).
A la suite des grands froids de l'hiver 1879-1880, La Seine entièrement gelée devient soudainement le sujet de prédilection de Claude Monet. Catastrophe naturelle sans précédent, cette "débâcle" fascine l'artiste qui manifeste un intérêt grandissant pour les phénomènes atmosphériques. Les conditions climatiques extrêmes n'empêchent pas l'artiste de travailler sur le vif comme en témoignent ses propos : "Je peignis [...] sur la glace [...]. La Seine était complètement gelée et je m'installai sur le fleuve, m'efforçant de plier mon chevalet d'une manière quelconque. De temps en temps, on m'apportait une bouillote. Mais pas pour les pieds : je n'avais pas froid, c'était pour mes doigts gourds qui menaçaient de laisser échapper le pinceau."
Soleil d'hiver à Lavacourt.
Cet hiver d'une
exceptionnelle rigueur devient une source d'inspiration fructueuse pour
l'artiste qui réalise plusieurs compositions spectaculaires où les
effets diffèrent seulement selon l'angle de vue adopté et l'heure
choisie : une série de dix-sept toiles de la Seine prise dans les glaces
voit ainsi le jour, l'artiste en achevant certaines dans son atelier.
Soleil couchant à Lavacourt.
Le jardin de Monet à Vétheuil 1880.
Sur ce tableau, on aperçoit la maison de Monet qu'il habitera de 1878 à 1881.
Les massifs de tournesols forment une muraille colorée en milieu de plan qui attire irrésistiblement le regard..
Aussi, les personnages représentés se perdent dans le paysage. Les enfants sont probablement Michel Monet et Jean-Pierre Hoschedé, accompagnés de la mère de ce dernier, Alice, qui deviendra la seconde femme de C Monet.
J'aime les tons solaires de ce jardin d'été.
La promenade sur la falaise 1882. Une explosion de couleurs solaires qui vous embrase... et ses silhouettes de deux femmes apportant une touche de féminité élégante contrastant avec le côté sauvage du site.
La même année, il peint la maison du douanier à Varengeville.
J'ai été profondément troublé par les tonalités irisées apportant une atmosphère radieuse.
Le regard se noie dans un bleu aux multiples tonalités, offrant un miroitement exceptionnel.
La Manneporte près d'Etretat 1886.
Le site d'Etretat en pays de Caux retient l'attention de Monet dès
l'hiver 1868-1869. Puis, l'artiste y revient chaque année de 1883 à
1886. Tout comme de nombreux peintres, notamment Gustave Courbet, Monet
est séduit par l'aspect pittoresque de l'endroit. Aussi s'en
inspire-t-il pour une cinquantaine de toiles, révélant son attachement profond pour la côte normande.
Par ailleurs, les études répétées de falaises par
Monet constituent l'annonce des "séries" qui allaient s'épanouir sous
son pinceau au cours de la décennie suivante.
Essai de figure en plein air 1886
Suzanne Hoschedé, le modèle préféré de Monet parmi les filles d'Alice et Ernest Hoschedé, est ici représentée en "jeune femme à l'ombelle", souvenir pour lui du portrait de Camille à Argenteuil, 11 ans auparavant. Ce tableau a été peint près de l'île aux Orties, non loin du garage à bateaux de Monet.
Debout sur un talus, la silhouette de la jeune fille domine le spectateur , proche du ciel, elle donne une sensation d'apesanteur.
C'est la dernière tentative de Monet pour représenter les
êtres humains en grand format et en entier.
Soleil sur la petite Creuse 1889
En 1889, Monet va peindre dans la
Creuse, aux confins du Massif Central.
Il découvre un endroit à la beauté sauvage et rude.
Il arrive début mars et inspiré par le côté grandiose des paysages, il produit 23 toiles. Pour celle-ci, il a dû s'interrompre en raison du mauvais temps. Reprise au printemps, le paysage a changé, le chêne qu'il a pris pour modèle a de jeunes pousses vertes à présent. Il décide donc d'en faire ôter les feuilles avec l'accord du propriétaire. Monet façonne la nature à son idée et son chêne retrouve ses belles couleurs orangées qui se détachent merveilleusement sur le fond mauve.
Les meules de Giverny, effet de gelée blanche.
A giverny où Monet est installé à présent et où il restera jusqu'à la fin de sa vie, il commence ses premières séries sur le thème des meules de foin car il observe que l'éclairage changeant, les couleurs elles aussi se modifient. Il les peint en toutes saisons, comme ici au coeur de l'hiver...
Les meules à Giverny, soleil couchant 1888-1889.
ou bien ici, avec des flamboyances estivales. Dans cette masse d'herbe sèche jaunie, il extirpe une diversité infinie de couleurs, employant du rouge, du brun, du vert et jusqu'au bleu.
Les peupliers font parti d'une théorie d'une vingtaine de toiles peintes en 1891 du printemps à l'automne, sur la rive gauche de l'Epte, près de Giverny..
Une sensation d'instantané traduit la
force et la brièveté de l'impression ressentie devant la nature, les
variations des éclairages, du climat et des saisons.
Le plus souvent, les toiles
qui composent cette série ont été peintes depuis un bateau, ou encore à
proximité immédiate de la rive, d'où un paysage observé par en dessous ;
de plus, le feuillage est ici agité par le vent, et le mouvement qui
anime le motif ajoute encore au caractère décoratif de cette
composition. La verticalité des arbres est mise en valeur par le format
choisi, très étiré en hauteur.
Le plus souvent, les toiles qui composent cette série ont été peintes depuis un bateau, ou encore à proximité immédiate de la rive, d'où un paysage observé par en dessous ; de plus, le feuillage est ici agité par le vent, et le mouvement qui anime le motif ajoute encore au caractère décoratif de cette composition. La verticalité des arbres est mise en valeur par le format choisi, très étiré en hauteur.
Il peint cinq toiles de la cathédrale de Rouen entre 1892 et 1894.
Monet séjourne à Londres de 1899 à 1901.
Parlement de Londres, trouée de soleil dans le brouillard 1904.
Cette oeuvre faisant partie d'une série, est à vrai dire dominée par les variations de la
lumière et de l'atmosphère propres au célèbre "fog", le brouillard qui
enveloppait la ville au XIXe siècle, spécialement en automne et en
hiver.
Silhouette irréelle et fantomatique, le Parlement surgit
comme une apparition. L'architecture de pierre semble avoir perdu toute
consistance. Ciel et eau sont peints avec les mêmes tonalités, dominées
par le mauve et l'orangé. La touche est systématiquement fragmentée en
multiples taches colorées, pour rendre la densité de l'atmosphère et de
la brume. Paradoxalement, ces éléments impalpables sont d'autant plus
tangibles que le bâtiment est évanescent, comme dissout dans l'ombre.
Parlement de Londres au soleil couchant 1903.
En 1908, Monet est atteint de cataracte des deux yeux. Les couleurs lui apparaissent filtrées, les blancs deviennent jaunâtres, les verts et les rouges deviennent orangés. Les bleus et les violets se transforment en rouges et jaunes.
Il écrit "Ma mauvaise vue signifie que je vois tout comme au travers d'un brouillard. C'est tout de même très beau et c'est ce que j'aimerais pouvoir représenter."
Il peint le Grand Canal et Santa Maria de la Saluté cette même année. On y retrouve les premiers signes de la maladie.
On constate l'évolution également dans ces peintures du bassin aux nymphéas. |
Je ne pouvais clore cette promenade, sans évoquer le tableau que je préfère, La pie, exécutée en 1869.
Ici, le sujet n'a que peu d'importance. Seule compte la lumière reflétée par les cristaux de neige.
Cependant, la pie frêle silhouette sur son portail comme une note sur sa portée, nous émeut.
Et l'on ressent le calme apaisant de la composition. La légère brume nous envahit, les ombres s'allongent, le silence ouaté nous enveloppe de sa douceur. Et puis le regard est accroché par une frêle silhouette, la pie sur son portail comme une note sur sa portée nous émeut, sans savoir pourquoi.
Ma toute première grande émotion picturale fut pour ce paysage et à chaque fois que je retourne au musée d'Orsay, je revis avec autant d'intensité ce moment et j'ai toujours un mal fou à en détacher mon regard.
Et pour prolonger le rêve, je vous propose à présent une merveilleuse visite virtuelle de l' exposition Monet
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