Présent d'Epicure
Je vous suppose, tout comme moi, affairées à vos achats de Noël...
Alors voici une idée cadeau pour les lecteurs épicuriens. Je dédie tout particulièrement ce billet à Doria, une véritable fée des fourneaux et à ma copine Yvvie qui ne passe guère de journée sans tester ou améliorer une nouvelle recette.
J'ai eu un véritable coup de coeur pour le livre d'Isabelle Giordano qui a recueilli les souvenirs gourmands de personnalités fortes et hautes en couleur.
En voici un petit florilège. Et pour commencer le festin, Monsieur Dutronc à la grande culture culinaire et oenologique nous avoue sa passion irraisonnée pour les oursins. Il est capable d'en avaler une vingtaine de douzaines...
Un regard semblant contenir à la fois mélancolie et malice, ce charmeur discret a grandi en Normandie, entre la quincaillerie familiale, les tontons agriculteur, pêcheur ou chef cuisinier.
Le cidre, il est tombé dedans quand il était petit. Alors "écoutons-le"...
"Ma spécialité : grimper dans le pommier et faire chuter les dernières. Le bonheur !...Et on faisait péter le bouchon d'une bouteille de l'année dernière, gardée au frais dans le fossé pour se désaltérer entre deux charretées - il fait toujours très chaud quand on est môme ! On devenait pomme de la tête aux pieds. Le goût de ce cidre bu à l'ombre, c'est mes bulles à moi."
Un visage épanoui et lumineux, un regard radieux et curieux, l'harmonie et l'appétit résument la comédienne Marie-Christine Barrault.
Excellente cuisinière, une des meilleures tables de Paris au dire de certains, elle aime les plats équilibrés et généreux.
"A la maison, je n'ai jamais entendu "A quelle heure on mange ?" mais au contraire : "Veux-tu que je te prépare quelque chose ?".
"La gourmandise est une affaire de comportement dans la vie, une manière de parler d'amour, une manière d'être curieux, une envie d'aller vers les autres et de vivre de nouvelles choses".
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Le cinéma nous a révélé son sourire et sa force lumineuse, le goût de la cuisine lui est venu de son père qui cuisinait pour ses onze enfants.
"Je suis horripilée par ces personnes qui chipotent toujours à table et qui culpabilisent à la moindre bouchée. Je ne supporte pas non plus les femmes qui sont en permanence au régime ni tous ceux pour qui se nourrir tient de la corvée. La table nous révèle."
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Ecrivain rendu célèbre par sa "Gorgée de bière" et ses "plaisirs minuscules" (que j'ai adorés), Philippe Delerm est un amoureux des plaisirs fugaces, hanté par les sensations disparues de l'enfance. Pour lui, la nourriture avec ses longs moments d'attente et de préparation est aussi une métaphore de la vie.
"Enfant, j'aimais rester près de ma mère lorsqu'elle préparait le dîner. J'avais un vrai plaisir à faire mes devoirs sur la table de la cuisine. J'adorais les moments où elle épluchait les légumes. Cette expression de l'écrivain Daniel Boulanger me touche particulièrement : les odeurs sont comme des furets de la mémoire."
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Danielle Thompson, fille de Gérard Oury, scénariste et réalisatrice conçoit sa gourmandise comme un éloge de la fête et du raffinement.
"Depuis mon plus jeune âge, et d'aussi loin que je me souvienne, j'ai associé la cuisine à un évènement exceptionnel, à la fête. Chaque repas est pour moi l'occasion de réjouissances, dans la fête comme au quotidien, et je fais en sorte qu'il soit toujours raffiné. Il m'arrive assez souvent de déjeuner seule chez moi, et cela ne m'empêche jamais d'apprêter une belle table, ornée d'une assiette et de couverts harmonieux. De la même manière la bouteille d'eau est bannie de la table. Rien ne doit offenser l'oeil et altérer ce petit moment de bonheur."
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Ces mains gourmandes appartiennent à la belle et gracieuse comédienne, Marianne Denicourt qui avoue un sérieux coup de fourchette.
"Je ne suis pas gourmande, je suis ultra gourmande et j'ai une nette attirance pour le chocolat et le sucré en général. On dit que le goût sucré est une manière de rester attacher à l'enfance. Je ne me considère pas comme une grande cuisinière, cependant il m'arrive de cuisiner pour mes proches et j'ai quelques spécialités bien à moi comme le poulet au curry ou les pâtes en tout genre. Cela est lié à mon enfance. Ma mère était italienne et j'ai passé mes vacances d'été en Vénétie. Je garde le souvenir de ces saveurs subtiles, qui s'échappent des gamelles où l'on fait doucement mijoter des sauces à base d'aubergines, d'oignons, de viande fraîche... et bien sûr d'huile d'olive !"
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L'immense homme de théâtre qu'est Jacques Weber est un amateur de whiskies et son appétit est à la hauteur de son talent.
"Je ne me définis pas vraiment comme un gourmet, mais plutôt comme un "bâfreur", un "bouffeur". Mon rapport à la nourriture est totalement pulsionnel, ce qui me procure un plaisir instantané. Se ruer dans le frigo est pour moi comme une petite bouffée de bonheur. Finalement je crois que j'ai un rapport assez violent avec la nourriture. Je suis définitivement un bon vivant, ébahi devant la folie des restrictions obsessionnelles et des régimes. Cela dit, il m'arrive de méditer la recommandation de Casanova, selon laquelle la seule méthode pour faire l'amour joyeusement est le jeûne ; cela fait réfléchir !"
Et bien entendu, chaque personnalité a offert sa petite ou grande recette. Philippe Solers nous propose son entrecôte bordelaise aux cèpes ; Kristin Scott Thomas une salade frisée à la crème de camembert ; Patrice Leconte ses petits sablés ; Gérard Depardieu sa vinaigrette de légumes printaniers aux épices...
Voilà, si avec tout ça je ne vous ai pas convaincu que ce livre est une ode aux plaisirs de la table... je n'ai plus qu'à manger mon tablier !!
Vous avez sans doute remarqué que mes billets ont pris de la couleur . Encore un grand merci à ma copinaute Lula, qui devient donc styliste de ma colline. Allez jeter un petit coup d'oeil chez elle, vous trouverez sur son blog Espacecréagraph une large palette de fonds et textures et même des gifts animés.