Au café des délices...
Sur ma colline, on vit un peu à l'heure d'Alger, et l'on aborde des sujets moins légers...
On parle en effet, beaucoup de l'Algérie et de son peuple, en ce moment dans les médias. Et cela tombe plutôt bien, car pour mon grand, la guerre d'Algérie est au programme du Bac et il y a de fortes chances que ce sujet sorte enfin...
Il faut dire que ce dernier est resté brûlant et donc tabou jusqu'à aujourd'hui. Et force est de constater que la France n'en est pas sortie grandie. Je comprends mieux à présent, le silence de mon père concernant ce qu'il appelait pudiquement "la guerre de trop". Il n'a jamais voulu évoquer les horreurs qu'il a vu et vécu pendant près de deux ans.
Nous ne pouvions donc pas manquer le brillant documentaire d'Isabelle Clarke et Daniel Costelle, auteurs de l'émouvant et foisonnant "Apocalypse".
J'ai apprécié le traitement très sobre du sujet et les témoignages bouleversants mais très dignes des harkis. Nous avons pu visualiser les horreurs et les terribles imbroglios de cette tragédie.
Une phrase m'a marqué, je vous la livre : " Mon harki, je l'ai retrouvé dans les barbelés de mon poste, les parties dans la bouche et les yeux ouverts. Ce regard vitreux m'a empêché de dormir pendant vingt ans". (Paroles d'un officier).
Nous avons découvert combien l'armée française avait fait preuve de lâcheté, abandonnant ses serviteurs à une mort quasi certaine, à la fin des combats.
Toujours sur le petit écran, nous avons vu le magnifique film de de Rachid Boucharet, Indigènes. Nous avons suivi quatre soldats recrutés au maghreb, dans leurs combats pendant la guerre de 39-45. Et là encore, la France n'a pas reconnu le courage et les sacrifices de ses "enfants d'Afrique" en oubliant purement et simplement de leur verser les pensions auxquelles ils avaient droit !
Puis pour aller plus en avant dans le sujet de la guerre d'Algérie, nous avons visionné "Le soleil assassiné" d'Addelkrim Bahloul. Nous abordons dans cette histoire tirée de faits réels, la vie de l'écrivain et animateur de radio, Jean Sénac. Pied noir, il choisit de rester en Algérie après l'indépendance. Hélas, dix ans plus tard, il est surveillé par le régime car il combat ardemment la liberté et la culture de la jeunesse algérienne. Une nuit d'Août 1973, son combat s'achève...
Ce film poignant et captivant, au ton d'une grande justesse est porté par un Charles Berling émouvant en poète héroïque et martyr.
A l'origine de ce film, le réalisateur Abdelkrim Bahloul souhaite tourner un documentaire sur Sénac ; mais il le transforme en fiction après l'assassinat des moines de Tibehirine. Choqué par l'évènement, il veut toucher un plus large public en soulignant toute l'ignominie de tels actes.
Avec le superbe film "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois que je m'apprête à aller voir, la boucle sera ainsi bouclée. J'en saurais alors un peu plus sur l'élimination de ces moines cisterciens.
Et je me prends à rêver d'un peu de paix...
tout en plongeant dans l'atmosphère nostalgique du Café des délices.