Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La colline aux carlines
28 mars 2010

Bone

DSCF4852

Qui est Bone ? Un sans-abri  hantant les rues de New York ? Ou bien un dangereux psychopate, tueur de clochards ? Retrouvé prostré, à Central Park, l'homme déjà muet a perdu la mémoire. Il arpente depuis près d'une année les trottoirs de la ville, un fémur à la main. Mas cette fois, des indices semblent l'accabler. Sorti de son long mutisme, Bone décide d'enquêter sur son propre passé.

Voici un thriller social impressionnant,  offrant une description effrayante des bas fonds de New York,  nous faisant découvrir un monde parallèle, celui des souterrains de la cité.

Le personnage m'a ému et j'ai frissonné maintes fois à l'évocation de la terrible vie des laissés pour compte. L'intrigue bien bâtie nous tient en haleine. Un seul regret, l'ultime paragraphe, un peu trop fleur bleu pour ce roman très noir.

Morceaux choisis

"Il éprouva tout d'abord une vague sensation d'inconfort, un froid moite qui se transforma presque aussitôt en une humidité glaciale si brutale et perçante qu'il lui sembla que son coeur allait geler et voler en éclats ; puis il pris conscience de la pluie froide qui martelait ses cheveux sur son cuir chevelu... "...entendez, Bone?" Une voix de femme résonna quelque part dans les profondeurs obscures de sa conscience naissante, un son humain désincarné en équilibre au sommet de la courbe entre le sommeil et l'état de veille, ou entre deux rêves. "Vous m'entendez Bone ?"". Puis vint l'inquiétude qui s'enfla rapidement pour devenir de la peur. Il y avait un grave problème quelque part, mais il ignorait lequel. Un rêve ? Le rêve de qui ? Il ne se souvenait de rien. Il lui manquait d'énormes morceaux de lui-mêmes, mais pas moyen de se rappeler où il les avait laissés ou perdus."

"Sur un des refuges pour piétons, une femme vêtue de la tête aux pieds de sacs poubelle noirs et verts, chaussée de pantoufles éculées et crasseuses, coiffée d'une casquette de laine enfoncée jusqu'aux oreilles, tournoyait lentement sur elle-même, les bras écartés, le visage levé vers le ciel, comme une vieille ballerine sale qui danse au son d'un orchestre invisible et céleste qu'elle seule peut entendre."

""Le psychiatre pakistanais à la peau mate, avec ses grands yeux expressifs et sa voix mélodieuse, écoutait d'un air impassif Bone lui raconter ses rêves de tombes, d'ensevelissement vivant, de grandes grottes où les os sortaient des murs, du sol et du plafond. Bone décrivit l'image récurrente de cette créature fantomatique qui le pourchassait, un spectre vêtu d'un manteau orange chatoyant zébré de traînées de sang ; il évoqua son hypothèse selon laquelle les vingt-huit cadavres qu'on avait retrouvés jusqu'à maintenant ne constituaient qu'une partie des victimes ; peut-être y en avait-il d'autres dans ce monde souterrain"..." Pour finir, Bone avoua sa peur constante à l'idée que ses réflexions et ses rêves puissent signifier que c'était effectivement lui le meurtrier."

"Il fut réveillé en pleine nuit par la toux rauque, incessante et spasmodique de l'homme couché sur le lit voisin. Bone se redressa, se retourna et fut submergé par une vague de répulsion et de peur. Penché au bord du lit, l'homme plaquait ses mains sur sa bouche pour tenter en vain de contenir sa toux. Ses draps et le sol au niveau de sa tête étaient tâchés de sang. Chaque quinte de toux faisait remonter d'épais crachats sanguinolents qui s'écrasaient sur le sol de l'arsenal. La tuberculose. Bone frissonna ; il se détourna rapidement et porta sa main à sa bouche pour se retenir de vomir. Il éprouva tout d'abord une vive angoisse car, il avait respiré pendant plusieurs heures les minuscules gouttelettes des expectorations contaminées de cet homme. Puis la panique laissa place à l'inquiétude et à la pitié pour cet homme visiblement âgé en train de cracher ce qui lui restait de vie, seul, laissé à l'abandon au coeur d'une ville gigantesque dotée sans aucun doute des meilleurs équipements médicaux du monde entier. Ce n'est pas juste, se dit Bone. Ce vieil homme devrait être soigné dans un hôpital.

Il s'assit sur le rebord du lit et récupéra ses chaussures qu'il avait coincées sous deux pieds métalliques du lit. Puis il se leva avec l'intention d'aller trouver les surveillants à l'entrée pour leur signaler l'état inquiétant du vieil homme. Dans la faible lumière dispensée par les ampoules nues de faible voltage qui pendaient au plafond, Bone balaya du regard toute la longueur de l'immense salle remplie d'hommes endormis... et soudain, il se raidit."

USA___New_York___New_York_City__Central_Park_Sunset__1_

Publicité
Publicité
Commentaires
La colline aux carlines
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité