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La colline aux carlines
3 mars 2010

Le prix de la beauté

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Sujet étonnant, ambiance baroque, frissons garantis pour ce roman qui m'a captivé du début à la fin.

La beauté a-t-elle un prix ? Doit-on châtier les êtres que la nature a comblés ?

Une jeune interne psychiatre va être confrontée à ces interrogations à la suite de l'étrange confession d'un mystérieux patient au visage à demi masqué.

Tout commence un soir d'hiver sur une route enneigée du Jura, au coeur de la tempête. Un couple naufragé trouve refuge dans une ferme. Ils sont accueillis par le maître des lieux, un avocat, Casanova sur le retour et par son major d'homme au physique repoussant. Ils profitent des nombreuses attentions qui leur sont prodiguées et du confort douillet de la demeure au décor étonnamment luxueux. Arrive alors l'épouse de leur hôte, à la beauté crépusculaire et au comportement plus que distant. L'ambiance change soudain et le refuge se transforme peu à peu en geôle. Le trio machiavélique se révèle, entraînant les jeunes amoureux dans leurs noirs dessins.

Je n'ai pas boudé mon plaisir, ayant toujours aimé les ambiances Hitchkockiennes. Pascal Bruckner n'a donc pas eu de peine à me transporter dans son monde de vénéneux sortilèges.

ATMOSPHERE :

"Je me souviens de l'ardoise noire d'un étang sous un ciel plombé. Un rayon creva un instant la masse des nuages, jetant une touche de lumière nacrée et presque aussitôt la neige commença à tomber ... Rencogné dans ma banquette, la rétine lacérée par la neige, je m'assoupissais malgré le vacarme. Hélène baissa le volume et me pria d'être attentif à l'esprit des frontières, ces zones d'échanges et de tensions où une culture s'esquisse, où une autre s'estompe... De grands sapins fantomatiques nous encadraient, tel un cordon de soldats aux manches poudrées. Je déteste ces arbres grégaires qui ne savent aller qu'en bande comme les loups. La neige rayait le paysage, tourbillonnait dans le faisceau des phares et bientôt les panneaux indicateurs furent recouverts."

"J'aime les vieillards, ils se désincarnent, se détachent du monde avec dignité. Ce sont de pures flammes où l'esprit a terrassé la chair et les sens."

"Elle émettait à son insu un halo de poésie qui semblait sourdre de la texture même de sa chair. Le charme : cette part de romanesque qu'une personne propage autour d'elle et qui la rend à nulle autre pareille."

"M. Steiner avait cette mollesse de traits propre aux vieux beaux. Il laissait derrière lui un sillage discrètement parfumé ; j'aurais juré qu'il se fardait à voir ce bronzage artificiel qui lui collait à la peau. Avec ses mains soignées, sa voix oncteuse, son échafaudage capillaire, il semblait un prélat mâtiné de flibustier."

"En huit ans de vie parisienne, je n'étais jamais entrée à Notre-Dame, elle n'était pour moi qu'un mausolée voué aux guides, un fragment du grand musée universel. Je n'aime pas les chefs-d'oeuvre convenus. Ce matin-là pourtant, un détail me retint dans la vieille chose : on la toilettait, sa partie supérieure disparaissait sous un échaffaudage dont les bâches claquaient au vent avec des effets dramatiques. Ainsi enmaillotée elle paraissait étrangement fragile, en butte à toutes les attaques du temps. Même les diables, les chimères, les gargouilles qui crachaient leur fiel n'étaient que rêves d'enfants contrariés à côté de ce que je voyais en un seul jour en consultation."

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Commentaires
C
Quel merveilleux reportage, ta région est superbe, j'irai bien faire une petite retraite chez ces moines.<br /> Ta tarte semble bien délicieuse, j'arrive trop tard! et les papillons me font penser à des elfes, signe de grands bonheurs à venir<br /> Bisous tout plein à toi<br /> Véro
La colline aux carlines
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